Sur le jeûne

        Comme le Seigneur l’a recommandé si souvent dans le Saint Evangile, les Pères de l’Eglise ont codifié ces prescriptions du Sauveur. Les fumeurs ont un objet d’abstinence tout désigné : le tabac. Outre les bienfaits pour la santé qu’il procure, le « jeûne » de tabac est une excellente ascèse. On peut alléger ou adapter les règles du jeûne pour raisons de santé ou à cause des circonstances de la vie professionnelle et parfois familiales : demander conseil à son confesseur ou son père spirituel.

JEÛNE DES MERCREDIS ET VENDREDIS

Il consiste en une abstinence de tout produit animal (viande, produits laitiers, œufs, poisson), des boissons alcoolisées (appelées « vin » dans les canons) et de l’huile. Ceci définit l’abstinence complète.
Cette abstinence est prescrite presque tous les mercredis et vendredis de l’année, les jours de semaine des Carêmes de Pâques et de la Dormition et aux dates suivantes :
– le 14 septembre (fête de la Croix), mais l’huile est permise,
– le 24 décembre (veille de Noël), mais l’huile est permise,
– le 5 janvier (veille de la Théophanie), mais l’huile est permise,
– le Samedi Saint,
– le 29 août (jour de la décollation de Saint Jean Baptiste), mais l’huile est permise.


CARÊME DE L’AVENT 

Du 15 novembre au 24 décembre.

Ni viande ni poisson.
Lundis, mardis et jeudis : sont permis « vin » et huile.
Samedis et dimanches : sont permis « vin », huile et poisson entre la fête de l’Entrée au Temple (21 novembre) et la fête de St Spiridon (12 décembre).
Le 24 décembre est un jour d’abstinence complète.


GRAND CARÊME 

Dimanche du Jugement dernier : dernier jour où l’on mange de la viande.
Pendant toute la semaine qui suit nous pouvons consommer de tous les aliments, excepté la viande, même mercredi et vendredi.

Dimanche du pardon : dernier jour où l’on consomme des laitages. Le carême proprement dit commence le lendemain.

Pendant tout le grand Carême nous ne consommons ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, ni huile, ni œufs, ni « vin ».
Pour certaines fêtes « vin » et huile sont permis.
Les samedis et dimanches nous pouvons consommer (sauf samedi saint) : vin et huile.
Le dimanche des rameaux : nous pouvons consommer du poisson.
Le vendredi saint : jeûne total sans rien manger ni boire.
Le samedi saint : abstinence complète


Jeûne des saints apôtres 

Du deuxième lundi après la Pentecôte au 28 juin

Ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, ni huile, ni œufs, ni « vin ».
Lundis, mardis et jeudis : sont permis « vin » et huile.
Samedis et dimanches : sont permis « vin », huile et poisson

JEÛNE DE LA DORMITION 

Du 1er au 14 août

Ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, ni huile, ni œufs, ni « vin ».
Lundis, mardis et jeudis : sont permis « vin » et huile.
Samedis et dimanches : sont permis « vin », huile et poisson

LE POISSON EST PERMIS même un jour d’abstinence :

– le 8 septembre (Nativité de la Mère de Dieu)
– le 1er octobre (Protection par la Mère de Dieu)
– le 21 novembre (Présentation de la Mère de Dieu au Temple)
– le 2 février (Sainte Rencontre)
– le 25 mars (Annonciation)
– les mercredis et vendredis entre Pâques et la Pentecôte
– le 24 juin (Nativité de Saint Jean Baptiste)
– le 29 juin (Saints apôtres Pierre et Paul)
– le 6 août (Transfiguration)
– le 15 août (Dormition)


L’ABSTINENCE EST COMPLÈTEMENT SUPPRIMÉE (même mercredis et vendredis) :

– du 25 décembre au 4 janvier
– le 6 janvier
– du dimanche du publicain jusqu’au dimanche du fils prodigue.
– la semaine après Pâques et celle après la Pentecôte.

Publié dans le calendrier liturgique de juin 1998.
(Adapté, par le protodiacre André, des « Instructions générales à propos des carêmes ».

PREPARATION A LA FÊTE DE PÂQUES

L’Eglise nous offre – cette année encore – ce temps béni du Carême et nous invite à quelques efforts, non pas tant pour comptabiliser le nombre de jours où nous allons jeûner que pour rechercher une meilleure qualité dans notre relation à Dieu et à nos frères.

Certes le jeûne de nourriture est bon, mais il doit être accompagné d’un effort de prière personnelle et communautaire, d’où une fréquentation plus soutenue des offices à l’église : Canon de Saint André de Crète, Liturgie des Présanctifiés les mercredi et vendredi, Vigiles du Samedi et Liturgie de St Basile le dimanche. C’est au cours de ces offices que nous entendons les textes qui sont propres à toucher notre cœur et à orienter notre vie vers le repentir :  » Ouvre-moi les portes de la pénitence…. « 

Certes l’abstinence de viande et de poisson est bonne, mais il faut l’accompagner du non-jugement d’autrui, de la maîtrise de nos pensées, de notre imagination, et de nos regards. D’où un temps plus important donné à la contemplation de ce qui élève notre cœur : la lecture personnelle des Psaumes et des livres du Nouveau Testament par exemple, ainsi que la contemplation des icônes qui purifie notre regard intérieur et nous permet de maîtriser une foule de préoccupations et d’intérêts inutiles :  » Seigneur et Maître de ma vie, ne m’abandonne pas à l’esprit d’oisiveté…de vaines paroles.  » (St Ephrem)

Certes l’abstinence d’œufs et de matières grasses est bonne, mais elle doit être accompagnée du pardon de celui (ou de celle) qui nous a offensé ou que nous avons blessé. C’est une condition tellement essentielle que l’Eglise nous demande, par un acte public, de pardonner avant d’entrer dans le Carême :  » Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres.  » (Mtt 6.14)

Certes les métanies et les grandes prosternations sont bonnes, mais elles ne sont rien si nous ne plions pas notre âme et notre corps devant le Christ dans une confession véritable qui nous relie à Lui : «  Oui, Seigneur-Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère.  » (St Ephrem)

Si nous jeûnons durant le Carême, si nous nous abstenons de nourritures terrestres, c’est pour que notre être -corps, âme et esprit- puisse communier dans la joie à la Résurrection de notre Sauveur. C’est aussi pour que tous les membres de l’Eglise se réjouissent, exultent et tressaillent d’allégresse parce que le Christ triomphe de la mort et nous donne la Vie.

Père Emmanuel
publié dans le calendrier liturgie de 1999