Sur la confession
Vous savez que la confession pose problème dans le monde actuel ; chez certains orthodoxes on dit : « Mais pourquoi se confesser, à quoi cela sert-il de se confesser et pourquoi se confesser à un homme qui est peut-être plus pécheur que nous ? » On oublie une chose : la confession se passe devant Dieu, le prêtre n’est qu’un témoin. (…) Il est certain que le prêtre est aussi pécheur et quelquefois, plus pécheur que nous. Si on veut dire un mot à propos du ministère de la confession, je trouve qu’il est merveilleux que le Seigneur ait concédé par sa grâce le pouvoir de lier et de délier, comme Il l’a donné à ses apôtres, quelle que soit l’incompréhension ou l’indignité même du prêtre. (…) La confession n’est pas une obligation, c’est un moyen à telle enseigne que la pratique orthodoxe, dans les différentes Eglises orthodoxes, est différente l’une par rapport à l’autre. Dans I’Eglise russe, (…) vous avez des prêtres qui vous disent, et des fidèles qui croient que si on ne se confesse pas juste avant de communier, alors ça ne va pas. Il faut le faire, c’est un règlement. (…) Dans l’Eglise grecque, vous avez des gens qui se confessent peu. Je connais des gens qui se sont confessés trois fois dans leur vie. Je ne parle pas des mouvements qui sont fils de saint Nicodème l’Haghiorite. Il est certain que dans des mouvements comme la Zoï les gens se confessent. Mais il y a des gens dans le peuple, dans nos familles qui ne se confessent pas souvent, mais quelle confession… (…)
Ce qu’il faut comprendre, c’est la densité. Ce qui faut éviter, c’est se confesser parcequ’il faut se confesser (…). On ne peut pas séparer la confession de la rencontre (…) avec le Christ.
Je crois que quand on rencontre le Christ, on voit tout ce qui nous manque pour répondre à son amour, tout ce qui manque pour que nous l’aidions à accomplir, comme dit la formule d’absolution, pleinement la vie qui nous a été donnée. Il n’y a pas de règle. Le sacrement, dit de la pénitence, c’est vraiment le sacrement de la personne, c’est vraiment le sacrement du sur mesure… Car, comme le dit encore un père spirituel, le destin, la vie, l’état de chaque être humain est plus important que tout au moins aussi important pour Dieu que celui du monde tout entier. Et je vous ai expliqué cent fois ce que cela veut dire. Si vous avez six enfants et que l’un d’eux est malade, ou que l’un part, c’est comme si vous aviez perdu vos six enfants. Dans la mesure où l’on rencontre le Christ, on se rend compte de l’immense possibilité, des possibilités illimitées de son amour, des possibilités illimitées de nous envoyer l’Esprit par qui vit tout ce qui vit. (…) C’est pourquoi on ne peut pas considérer que la confession est séparée du reste de l’Evangile, comme rien ne peut être séparé, aucun mot de l’Evangile ne peut être séparé de son contexte. Il y a simplement un mot qui, à un moment ou l’autre, convient à toi, à toi personnellement, aujourd’hui plus qu’hier, et peut-être pas demain…
La formule d’absolution qu’on emploie dans notre paroisse, et maintenant dans d’autres paroisses, est « Christ, notre Dieu, qui es venu en ce monde, non pas pour juger le monde, mais pour le sauver (c’est la parole du Seigneur), nous savons que c’est avec amour et miséricorde que Tu regardes Ton serviteur Untel (avec le nom, parce que le nom indique que c’est lui et pas un autre, et comme le dit la Liturgie de saint Basile, Dieu chérit chacun, LUI qui nous connaît depuis le sein de notre mère et avant même que nous fussions) qui vient au pied de Ta Croix pour être pardonné, et aussi pour être guéri, fortifié et conduit. Et moi, indigne prêtre Untel (encore, parce que c’est aussi une personne, il ne perd pas sa nature de personne parce qu’il est l’instrument) qui, malgré mes propres péchés, et seulement par Ta grâce, ai reçu en mes mains le pouvoir de lier et de délier tel que Tu l’as remis à Tes apôtres, je déclare au pied de Ta Croix, et en Ton nom, Ton serviteur libre de tout péché et de toute contrainte, afin que, rempli de Ta paix, armé de Ta force et debout dans Ta lumière, il puisse vivre pleinement la vie qui lui a été donnée, et ainsi te rendre gloire avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours… », car il faut se rappeler que le Seigneur est Seigneur de la vie.
Père Gabriel Henry, Foi de prêtre, Editions Omorfia, 1996